L’histoire est connue : « Prisonnier des Pharaons » est une commande du magicien Harry Houdini (1874-1926). Celui-ci, lors d’un voyage en Égypte, aurait été (contre son gré) ficelé et jeté dans les entrailles d’un temple, question de mettre à l’épreuve sa prétendue capacité à se libérer. À Lovecraft de raconter l’anecdote – et au passage de trouver une « chute » spectaculaire à l’histoire. L’exercice fut un véritable calvaire pour Lovecraft, qui se documenta très précisément sur les lieux évoqués – et qui pesta de nombreuses fois contre la tendance « Münchhausen » du célèbre illusionniste (« Mes recherches sur l’Égypte à la bibliothèque prouvent indubitablement que l’histoire de Houdini est entièrement bidon et qu’il n’y a pas de grands temples enfouis sous le plateau de la pyramide de Gizeh », confie Lovecraft à Frank Belknap Long en février 1924).
Pire encore : l’histoire enfin écrite et dactylographiée, prête à être expédiée chez l’éditeur Henneberger de Weird Tales, fut égarée… Lovecraft se trouve dans une situation périlleuse le jour même de son mariage avec Sonia Haft Greene, ce 3 mars 1924 ! le jeune couple passe alors sa première nuit de noces à reconstituer le manuscrit : Sonia dictant d’après le brouillon, et Lovecraft tapant à la machine (et on sait à quel point il avait cet exercice en horreur). Malgré tout, le texte put être livré le lendemain matin.
On distingue très clairement deux blocs dans ce récit : la découverte et la visite de l’Égypte, la rencontre avec le guide, la rixe factice, et le « ficelage » du narrateur. Toute la seconde partie de l’histoire se passe sous terre, avec un dénouement toujours tardif mais puissamment mené. La « peur de l’inconnu », si elle n’est pas nommée explicitement, est bien la clef du récit.
On trouvera également – signe de l’exaspération de Lovecraft à l’égard de son commanditaire ? – de nombreuses remarques trahissant une certaine forme d’arrogance. Prétention de l’occidental vis-à-vis de l’oriental, mais peut-être aussi du magicien à l’égard du reste du monde : tout ne commence-t-il pas par la démonstration d’un confrère, jugée très mauvaise ?…


Lecture, Illustration et Musique de Tindalos


voir la vidéo : youtu.be/9RkgYfmnSnU

site de Tindalos : tindalos-livreaudio.jimdofree.com

Translate this for me

    Audiobook
    • 91.5 bpm
    • Key: Gb
    • © Creative Commons: Attribution, Noncommercial, Share Alike
    Full Link
    Short Link (X/Twitter)
    Download Video Preview for sharing