« Les Rats dans les Murs » (The Rats in the Walls) est un véritable condensé, un point de convergence où nous retrouvons quantité d’éléments déjà rencontrés dans les récits antérieurs. Les thématiques s’empilent, tissent un maillage complexe pour former une histoire particulièrement dense.
Ainsi le narrateur restaure un vieux domaine (château, prieuré) comme dans « La Tourbière hantée » (cf. #26), d’ailleurs sur le vieux continent – fantasme lovecraftien par excellence, qui rêvait de visiter l’Angleterre, voire de s’y installer définitivement. Mais, comme dans « La peur qui rôde » (cf. #35), des ouvriers finissent par dynamiter l’endroit suite aux découvertes peu engageantes…
Les rapports avec « La peur qui rôde » sont d’ailleurs très nombreux, et on comprend que les deux nouvelles soient écrites à peu de temps d’intervalle. Nous retrouvons l’histoire d’une famille maudite, ce qui évoque également « Arthur Jermyn » (cf. #21) et nous retrouvons pareillement l’effet de masse grouillante (la masse simiesque devenant une masse de rongeurs).
On sait à quel point Lovecraft insistait sur « la peur de l’inconnu » (the fear of the unknown) ; l’expression faisait sa première apparition dans « Le Molosse » (cf. #34), et revient ici. Elle est ici liée aux choses enfouies sous terre, comme dans « La Transition de Juan Romero » (cf. #08), et bien sûr « La Cité sans Nom » (cf. #23).
Dans le final, nous retrouvons de multiples thématiques qui semblent obséder Lovecraft : cannibalisme (cf. #20 « L’image dans la maison déserte », #35 « La Peur qui rôde »), régression des espèces (cf. les deux précédentes, mais aussi #01 « Le Monstre dans la Caverne »), et l’évocation de Nyarlathotep (cf. #18 « Nyarlathotep »).
Il est intéressant de noter également quelques arrière-plans récurrents, comme les ravages de la Grande Guerre (cf. #03 « Dagon », #15 « Le Temple », ou #32 « Herbert West – réanimateur »), puisque toute la reconstruction de l’histoire familiale – qui contrepointe la reconstruction du domaine – s’enclenche à partir du fils parti à la guerre, revenu mutilé et convalescent pour deux années seulement.
La puissance du récit tient surtout dans la progression : de l’histoire familiale troublante à l’excitation inexplicable des félins, jusqu’à l’aboutissement dans la caverne cyclopéenne (et les horreurs qui s’y rattachent), le lecteur est conduit dans un dédale qu’il a bien du mal à saisir tout au long du récit. Contrairement à d’autres histoires plus linéaires, celle-ci gagne en épaisseur en étant moins prévisible – d’où sa force narrative.


Lecture, Illustration et Musique de Tindalos


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