Achevée en août 1926, l’Appel de Cthulhu (The Call of Cthulhu) est la première œuvre d’Howard Phillips Lovecraft revenu de New York à Providence, tout juste séparé de son épouse Sonia Haft Green.
L’œuvre est magistrale, sous bien des aspects.
D’abord, comme dans un jeu de piste, Lovecraft sème des indices – ici familiaux. Le grand-oncle du narrateur se nomme George Gammel Angell… difficile de ne pas songer au nom de la rue où Lovecraft passa les 34 premières années de sa vie : « Angell Street ». Le sculpteur, lui, se nomme Wilcox, nom que l’on retrouve dans l’ascendance maternelle de Lovecraft.
Mais surtout, l’œuvre fascine par ses couches narratives dans lesquelles on ne cesse de s’enfoncer : le récit du narrateur (niveau 0) nous conduit aux notes de son grand-oncle (niveau -1), notes qui nous racontent la réunion de la Société Américaine d’Archéologie (niveau -2), réunion au cours de laquelle nous sont rapportés deux récits : celui du Docteur Webb, puis celui de l’inspecteur Legrasse (niveaux -3), qui finit par rapporter les propos délirants des adeptes (niveau -4). La mise en abyme devient vertigineuse, et les supports narratifs se multiplient, car les témoignages s’étoffent avec l’article du Sidney Bulletin et les notes du Premier Lieutenant Johansen. Et, au bout du compte, le narrateur n’est témoin de rien… toute l’étrangeté et l’horreur du récit sont rapportées ; au seuil du cauchemar, le lecteur comme le narrateur se retrouvent au bord d’un néant de silence…
Ensuite, nous voyons comment Lovecraft compose de nouveaux récits en utilisant des éléments issus de nouvelles antérieures : thème du sculpteur « visité » dans son sommeil (cf. #30, « Hypnos »), thème de la cité engloutie (cf. #15, « Le Temple ») mais ici malveillante et poisseuse, portion des fonds marins remontée à la surface, avec édifices sculptés et apparition d’une entité (cf. #3, « Dagon »), le thème de l’hybridation (cf. #23, « La Cité sans Nom » ; #39, « Prisonnier des Pharaons ») ainsi que le désormais incontournable Necronomicon (cf. #23, « La Cité sans Nom » ; #34, « Le Molosse » ; #38, « Le Festival »).
Enfin, le narrateur nous confie dans les dernières lignes qu’il serait préférable de ne jamais les lire… mise en garde salutaire, mais un brin tardive… une malédiction saute au visage du lecteur, avec une absence de choix aussi désarmante qu’amère.

01:23 chapitre 1 : L’abomination d’argile
24:55 chapitre 2 : Le récit de l’inspecteur Legrasse
1:03:52 chapitre 3 : L’aberration surgie des flots


Lecture, Illustration et Musique de Tindalos


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