Radio Le programme de la RTBF est né en 1978
Marc Moulin avait créé Radio Cité en octobre 1978. Une intuition qui a lancé les radios musicales en Belgique.
Voici quelques jours, disparaissait Marc Moulin. On a beaucoup salué le musicien, moins l’homme de radio. Cofondateur de La semaine infernale, il fut surtout, pour toute une génération, le créateur d’un vrai phénomène musical et culturel, qui a révolutionné la radio en Belgique : Radio Cité. Le 20 octobre, il y aura exactement 30 ans que cette radio est née, au cœur des couloirs de la RTBF et dans un paysage FM alors encore vide. « Mais, glisse Jean-Pierre Hautier, qui en fut une des voix les plus célèbres, Marc insistait pour que nous ne disions pas que Radio Cité faisait partie de la RTBF, qui avait une image ringarde. Radio Cité était tellement branchée que ses auditeurs pensaient que, comme Radio Caroline, nous nous trouvions sur un bateau en mer du Nord ! »

Aujourd’hui, ceux qui écoutent la séquence hebdomadaire que consacre Gilles Verlant à Radio Cité dans les 80’s sur Classic 21 auraient bien du mal à expliquer à leurs enfants en quoi ce programme était si novateur. Mais il faut se resituer dans le contexte : à la fin des années 70, la radio, c’est la RTBF et les longues ondes françaises. Inspiré par ce qu’il a entendu sur les FM américaines, Moulin se propose d’exploiter un canal bruxellois (le canal 21) et la fréquence 93.2 pour y diffuser de la musique. Ce sera Radio Cité.
Chaque week-end, jusqu’au début de l’année 1986, elle arrosera un public qui ne demande que ça de musique rock, pop, soul façon début des années 80. Petit à petit, s’y constitue une équipe de « voix » emblématiques (Tania Roshenko, Ria Marten, Anne Goreux, Isabelle Watelet, Terry Focant, Ray Cokes, Martine Matagne, Jean-Pierre Hautier, Bert Bertrand) et de gens de l’ombre (Marc Francart, Guy « Super » Vanhumbeeck, Alain Neefs dit le « Bison des montagnes », Rudy Léonet). « Il avait un pif pour ça, poursuit Jean-Pierre Hautier, aujourd’hui directeur de La Première. Quand je suis arrivé à Radio Cité, je venais de Radio 2, et on me regardait comme un bouseux ! Radio Cité, c’était le truc des branchés. Moulin voulait que je fasse comme les Américains, parler sur les intros des disques, ce qui n’exisait pas à l’époque. »
Moulin importe des concepts et des styles musicaux jusque-là inédits chez nous. Avec ses compagnons de Telex, il signe également l’habillage de la chaîne, tellement emblématique. Parmi ses apports, il y a la playlist, cette liste des chansons les plus programmées sur l’antenne des radios.
« J’avais consacré mon mémoire de fin d’études à la programmation des variétés en radio, raconte Rudy Léonet, aujourd’hui directeur de Pure FM. J’ai été voir Moulin parce qu’il était le premier ici à élaborer une playlist. Cela avait germé dans sa tête aux USA, d’où il avait ramené le concept de radio “urban adult contemporary”, doublé du confort d’écoute de la FM et de la stéréo. Toutes les radios musicales qui existent aujourd’hui doivent quelque chose à Radio Cité. A la fin de l’entretien, Moulin m’a demandé ce que je faisais le week-end suivant. Et voilà comment je me suis retrouvé à décrocher le téléphone à Radio Cité ! »
En 1981, le rock sort du week-end. La RTBF lance Bruxelles 21 toute la semaine, qui deviendra bientôt Radio 21. Pendant cinq ans, Radio 21 la semaine et Radio Cité le week-end cohabitent. Dans des esprits très différents. « Ce n’était pas du tout le même monde, se souvient Hautier. Les uns bossaient la semaine et les autres le week-end. C’est tellement vrai que, lorsque Radio Cité s’est arrêtée, j’ai été forcer de faire les matins de Bruxelles 21 et je n’en avais pas du tout envie ! Il y avait une vraie rivalité. A Radio Cité, on était une petite famille branchée qui regardait Radio 21 de haut, ne serait-ce qu’à cause des audiences ! Au niveau musical, on était toujours les premiers sur la balle : Bert Bertrand était “la” référence sur le punk, Rudy Léonet achetait des imports chez Caroline Music et moi j’empruntais des disques à des DJ, que je rapportais le dimanche soir. C’est comme cela qu’on a passé “Funkytown” de Lipps Inc avant sa sortie. Du coup, les maisons de disques suivaient : Radio Cité donnait la tendance. »
Début 86, pourtant, Radio Cité disparaît. Pierre Guyaut est chargé de prendre la relève le week-end et, deux ans plus tard, c’est Marc Ysaye qui lance « Système 21 » le week-end. « Marc Moulin a refusé de changer de schéma et de réaliser une continuité entre la programmation du week-end et celle de la semaine, se souvient son adjoint Marc Francart. Et puis, je crois que cela l’arrangeait un peu que cela s’arrête… » Jean-Pierre Hautier ne dit pas autre chose : « Marc en avait ras-le-bol. C’est quelqu’un qui s’en va quand il a exploité un truc à fond. La direction de la radio a en effet voulu imposer un mariage contre nature entre Cité et 21, et ça a servi de déclencheur. » Radio Cité était morte… mais le chiffre 21 avait encore de beaux jours devant lui.
Le « Hit-parade international » des années Radio Cité
Petit jeu : à quoi ressemblerait le « Hit-parade » de Radio Cité s’il couvrait la période d’existence de ce programme (octobre 1978-janvier 1986) ?

  1. Michael Jackson, « Billie Jean »
  2. Michael Jackson, « Beat It »
  3. Madonna, « Like A Virgin »
  4. The Buggles, « Video Killed The Radio Stars »
  5. David Bowie, « Let’s Dance »
  6. Culture Club, « Do You Really Want To Hurt Me ? »
  7. Frankie Goes To Hollywood, « Relax »
  8. U2, « Sunday Bloody Sunday »
  9. Pink Floyd,« Another Brick In The Wall (Part. II) »
  10. Simple Minds, « Don’t You (Forget About Me) »
  11. Chic, « Le Freak »
  12. Madonna, « Into The Groove »
  13. Lipps Inc, « Funkytown »
  14. USA For Africa, « We Are The World »
  15. Grace Jones, « Slave To The Rhythm »
  16. Eurythmics, « Sweet Dreams (Are Made Of This) »
  17. Diana Ross, « Upside Down »
  18. Tears For Fears, « Shout »
  19. Soft Cell, « Tainted Love »
  20. Blondie, « Call Me »
Translate this for me

    Radioshow
    • 160 bpm
    • Key: Am
    Full Link
    Short Link (X/Twitter)
    Download Video Preview for sharing